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Le craquement des articulations est la conséquence (volontaire ou involontaire) d’une contrainte articulaire produisant un bruit de craquement ou un claquement. La forme la plus commune de ceci est le craquement délibéré des phalanges des doigts de la main. Il est possible de faire craquer beaucoup d’autres articulations comme celles au niveau des vertèbres cervicales, des hanches, des poignets, coudes, épaules, pieds, genoux, mâchoires, et autour du calcaneum. Ce craquement est utilisé en ostéopathie.
D’où vient le bruit si caractéristique des jointures qui craquent ? Jusqu’ici, si les scientifiques s’accordaient à dire qu’il était provoqué par les bulles d’air présentes dans les jointures, certains l’attribuaient à la formation de ces bulles, et d’autres à leur éclatement. Selon un modèle mathématique simulant un craquage de jointure, le fameux “crac” vient bien de l’éclatement de bulles microscopiques dans le liquide des articulations des doigts, d’après une étude des chercheurs de l’Ecole polytechnique, et de l’université américaine de Stanford publiée jeudi 29 mars 2018 dans la revue Scientific Report. La nouveauté de cette étude, c’est de montrer “que l’éclatement d’une seule de ces bulles est suffisant pour produire le bruit”, explique à l’AFP Abdul Barakat, chercheur à Polytechnique.
En 1939, des chercheurs ont attribué le son au resserrement soudain de la capsule fibreuse autour de l’articulation au cours de la libération articulaire. En 1947, une nouvelle théorie suggère que ce mouvement rapide des articulations crée des vibrations dans les tissus conduisant au son de craquage. C’est en 1971 qu’a pour la première fois été émise l’hypothèse selon laquelle l’effondrement des “bulles de cavitation” dans le liquide synovial (qui sert de lubrifiant naturel entre deux surfaces cartilagineuses) étaient la source du bruit de craquage. Mais elle a ensuite été mise en doute par plusieurs études qui ont montré que même après un craquement de doigts, il restait des bulles dans le fameux liquide. Ainsi en 2015, une étude s’était concentrée sur un signal brillant à l’échographie, observé après la création d’une bulle de cavitation, mais avant que le bruit du craquement ne se fasse entendre. Ils avaient alors avancé que le bruit venait de la formation de bulles plutôt que de leur éclatement.
Le fait de craquer souvent ses articulations (surtout au niveau des doigts) est souvent dit cause d’arthrite prématurée, pour des douleurs alors plus prononcées, mais une étude menée par l’allergologue Donald Unger qui n’a fait craquer que les doigts de sa main gauche pendant plus de 60 ans infirme cette idée reçue, ce qui lui a valu de gagner le prix Ig Nobel 2009 en médecine. Cette étude, bien que menée très rigoureusement, n’a été faite que sur un seul sujet et ne peut donc être généralisée de façon certaine à l’ensemble de la population.
Une autre étude parue en 2011 et faite à partir de 215 radiographies de personnes âgées entre 50 et 89 ans, confirme cette première étude et conclut que ceux qui faisaient fréquemment craquer leurs doigts ne souffraient pas plus d’arthrose que ceux qui ne le faisaient pas ou rarement.
Mais cette nouvelle hypothèse “ne peut pas expliquer la magnitude observée des sons” émis, d’après les auteurs des nouveaux travaux, qui décident alors d’étudier le phénomène sous un autre angle. La dynamique à grande vitesse du craquage de jointures est en effet limitée par la résolution des techniques expérimentales, expliquent les auteurs, qui se tournent alors vers un modèle théorique. “Nous voulions nous pencher sur cette question du point de vue mathématique car tous les précédents travaux étaient basés sur l’observation. Nous avons donc essayé de bâtir un modèle mathématique pour décrire le phénomène physique à l’œuvre”, selon le professeur Barakat. Ils basent leur modèle sur la dynamique de la formation et de l’éclatement de bulles dans le liquide synovial, dont la présence a été confirmée “sans ambiguïté par pratiquement tous les chercheurs malgré leurs désaccords sur l’origine du son”, disent les auteurs.
Ce modèle “établit que la signature acoustique de l’éclatement de la bulle de cavitation est cohérente avec les sons observés expérimentalement”, écrivent les auteurs, suggérant que l’éclatement des bulles serait bien la source du son. “Le succès du modèle souligne le potentiel des simulations numériques détaillées dans la résolution de l’origine des sons”, écrivent les auteurs, appelant à la réalisation de futures simulations du même type pour modéliser “avec précision le comportement initial, terminal et à long terme des bulles de cavitation” pour clore le débat. En ce qui concerne les conséquences de la pratique, la communauté scientifique est déjà arrivé à un consensus : contrairement à une croyance populaire répandue, se faire craquer les doigts ne provoque pas d’arthrite.
On l’a vu, le craquement articulaire est bénin et sans conséquence, sauf s’il s’accompagne de douleurs.
Des séances d’ostéopathie ou de kinésithérapie peuvent permettre de « corriger » ou de soulager certains troubles articulaires, le cas échéant.